Quelles différences entre Lean et WCM ?
WCM : World Class Manufacturing 12 juin 2008Les démarches Lean manufacturing et World Class Manufacturing sont 2 démarches d’amélioration de la performance industrielle, avec beaucoup d’outils communs.Ce qui les différencie:
– Approche Lean est plus adaptée aux industries manufacturières (main d’oeuvre) telles que montage, assemblage, fabrication en ilot et se pilote par les flux: Value Stream Mapping.
Le Lean Manufacturing développe particulièrement les concepts du
JIT (Just in Time): les flux tirés et du
TIE (Total Industrial Engineering): élimination des
- Muri: opérations pas naturelles (forcées)
- Mura: opérations irrégulières (variabilité)
- Muda: 7 types opérations sans valeurs ajoutée
– Approche WCM est plus adaptée aux industries à procédés continus (sidérurgie, plâtre, verre, …) et se pilote par les pertes: Cost Deployment. En plus des concepts JIT et TIE, le World Class manufacturing développe en profondeur les concepts
- TQM (Total Quality Management)
- TPM (Total Productive maintenance) avec :
- Améliorations ciblées
- Maintenance Autonome
- Maintenance Professionnelle
- Gestion anticipée des équipements et des produits
L’ensemble de ces démarches n’étant pérenne que par le développement du personnel et l’implication de l’ensemble de la ligne managériale.
Elles sont complémentaires dans leur approche et ne s’exclue nullement l’une de l’autre.
De mon expérience, il me semble que Lean fonctionne plus sous forme de chantier Hoshin: réimplantation de ligne suite à une analyse des pertes et à plus de mal à générer du progrès continu Kaizen. En corollaire, l’implication de l’ensemble du personnel dans le changement est moins évidente que sur une démarche WCM de longue durée.
Vous trouverez toujours des contre-exemples intéressants ! Le référentiel WCM est certainement mieux défini et plus exigeant en terme d’application des outils, de rigueur dans les méthodes, de lien des actions avec les pertes, avec les résultats, de management visuel de la démarche. Il existe un système de certification par la World Class Manufacturing Association qui regroupe à ce jour 6 entreprises engagées dans la démarche : Fiat, Arcelor Mittal, Placoplatre (Saint Gobain Gypse), Volvo, Danfoss, Ugitech et l’université de Kyoto (Professeur H.Yamashina).
Système de reconnaissance par audit croisé avec 3 niveaux: Bronze (50 points), Argent (65 points) et Or (80 points).
17 juillet 2008 à 18:29
Monsieur Boulot,
Je vous remercie vivement pour cette analyse mettant en évidence les différences entre le lean et le WCM.
Voici quelques remarques et sentiments dont je souhaitais vous faire part à ce sujet selon les trois points suivants:
Concernant les démarches :
Pour résumer vos propos, le lean comporte les deux fondements que sont le JIT et le TIE, alors que le WCM inclus les principes du lean mais intègre également la TQM et la TPM.
Si on reprend la maison TPS de Fujio Cho, le lean (Nota : je ne différencie pas le lean du Toyota Production System car je pense que c’est un simple benchmark) repose sur deux piliers fondamentaux qui sont le JIT et le Jidoka. On rencontre même parfois des représentations qui suggèrent que le lean repose sur le JIT, le Jidoka et le TIE.
De ce constat découle ma première question : pensez-vous que le jidoka ait sa place dans le lean ?
De ce fait, le jidoka est-il également intégré dans une démarche WCM qui, selon vous, s’applique principalement à des industries à flux continus ?
Concernant le pilotage de ces démarches :
Selon vous, « l’approche lean […] se pilote par les flux : Value Stream Mapping. » tandis que l’ « approche WCM […] se pilote par les pertes : Cost Deployement »
Quelques lignes plus bas dans votre analyse, on retrouve : « il me semble que le lean fonctionne plus sous forme de chantier Hoshin : réimplantation de ligne suite à une analyse des pertes … ».
Que faut-il en retenir ? Le lean est-il piloté par une cartographie des flux ou par une analyse des pertes ?
Vous avez sans doute voulu dire que le lean est piloté par l’élimination de la non valeur ajoutée, des Mudas, alors que le WCM est piloté par une analyse et une priorisation des pertes économiques.
Est-ce bien cela ?
Que pensez-vous du fait que certains experts français du lean (cf Christian Homann et Christian Daniel) ajoutent aux 7 Mudas « traditionnels » les 2 Mudas qui sont le gaspillage d’opportunités et la création de faux problèmes, qui, selon eux, est un Muda « typiquement Français » ?
Concernant les domaines d’application :
Vous dites que le lean s’applique plus à des « industries manufacturières (main d’œuvre) telles que montage, assemblage, fabrication en îlot… » alors que la démarche WCM « est plus adaptée aux industries à procédés continus (sidérurgie, plâtre, verre,…)».
Vous citez pourtant une entreprise comme FIAT qui est engagée dans la démarche WCM – et qui semble d’ailleurs lui réussir – alors que les constructeurs automobiles se qualifieraient plus aujourd’hui « d’assembleurs automobile ». Vous me direz qu’il n’en résulte pas moins que c’est une entreprise à procédé continu, certes…
Je vous remercie, M. Boulot, d’avoir pris le temps de lire ces quelques lignes et de bien vouloir partager votre point de vue afin d’enrichir le contenu de votre site internet.
Salutations
Gregory JEANNE